Transcript – Rencontre Dans le Noir

Nuit de la recherche 2025

 

[La salle s’installe, la lumière s’éteint et la musique commence.]

 

Bonjour à toutes et tous, nous sommes le LERI2 (Laboratoire Expérimental de Recherche Interdisciplinaire sur l’Ignorance). Nous nous intéressons aux mécanismes de production d’ignorance et aujourd’hui nous allons tenter de vous donner un aperçu des enjeux de cette recherche.

Scène 1 : Introduction

Nous allons commencer par sonder un peu l’assemblée pour savoir ce que vous pensez de la production de connaissance et de la production d’ignorance. Par applaudissement :

 

  • « Est-ce que vous pensez que les politicien·ne·s produisent de la connaissance ? »
    => Lors de leurs prises de parole publiques et allocutions diverses, iels transmettent des informations sur les politiques publiques du gouvernement, en cela iels produisent des connaissances.

  • « Est-ce que les politicien·ne·s produisent de l’ignorance ? »
    => Par exemple lorsque Trump déclare en 2011 que Barack Obama ne serait pas né aux États-Unis, affirmation à l’origine d’une théorie du complot.

  • Est-ce que les réseaux sociaux produisent de la connaissance ?
    => Certains créateurs de contenu diffusent des informations vérifiées, voire font de la vulgarisation scientifique comme c’est le cas de Julien Bobroff qui anime la page « La physique autrement » sur instagram par exemple.

  • Est-ce que les réseaux sociaux produisent de l’ignorance ?
    => Diffusion massive de fake-news (comptes complotistes, discours climato-sceptiques, profusion de montages photos trompeurs, etc.)

  • « Est-ce que les médias (hors réseaux sociaux, donc on parle donc ici de la télévision, de la radio, des journaux et de leurs versions dématérialisées) produisent de la connaissance ? »
    => Évident, les médias ont pour rôle de diffuser l’information auprès d’une large audience.

  • « Est-ce que les médias (d’information) produisent de l’ignorance ? »
    => L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) a émis plusieurs mises en garde à l’encontre de Sud Radio pour des propos climato-sceptiques (tenus à l’antenne par Rémy Prud’homme, François Gervais et Christian Gérondeau.)

  • « Est-ce que vous, nous, citoyens et citoyennes, produisons de la connaissance ? »
    => Nous produisons toutes et tous de la connaissance, sur des sujets variés et à des échelles diverses : une recette de cuisine, une astuce jardinage, un tuto pour réparer sa machine à laver, etc. Il ne s’agit pas forcément d’une production de connaissance scientifique, mais ça reste de la connaissance.
    => Il existe énormément d’associations dont les membres ne sont pas forcément des scientifiques mais qui pourtant développent une expertise dans leur domaine et des connaissances tout à fait valables. Exemple : Fleur Breteau de Cancer Colère qui participe à diffuser des connaissances à propos de cette maladie.

  • « Est-ce que vous, nous, citoyens et citoyennes, produisons de l’ignorance ? »
    => Évident, on peut toustes se tromper et diffuser des erreurs, ou mentir intentionnellement. Par exemple, on a toustes déjà entendu, et peut-être relayé, la rumeur selon laquelle on mangerait 8 à 10 araignées par an pendant notre sommeil, or c’est complètement faux selon l’arachnologue Anne Bounias-Delacour.

  • « Est-ce que les universitaires produisent de la connaissance ? »
    => Évident, c’est le rôle de l’université de permettre la recherche et de produire des connaissances.

  • « Est-ce que les universitaires produisent de l’ignorance ? »
    => Et bien c’est ce qu’on va voir……

[La lumière blanche s’allume.]

Scène 2 : Définitions

Lorsqu’on étudie les mécanismes de construction sociale de l’ignorance, de son entretien, de sa diffusion, ce qui relève du domaine de l’agnotologie — la science qui étudie la production de l’ignorance — on peut distinguer différents types d’ignorance, qui ont chacun leurs modes de production spécifiques. On peut diviser la production d’ignorance en deux catégories :

  • La production intentionnelle d’ignorance
  • La production non-intentionnelle d’ignorance

[Expliquer la métaphore : l’objet = objet de recherche, et les manipulateurices = toutes les personnes qui portent un intérêt à la connaissance qu’on a de cet objet.]

I. La production intentionnelle d’ignorance

Commençons par nous intéresser à l’ignorance produite intentionnellement.

La production intentionnelle d’ignorance concerne tous les mécanismes qui visent à invisibiliser, saper ou fragiliser une connaissance fiable existante, à diffuser de fausses informations qui nuisent à la connaissance, à censurer ou faire disparaître certaines informations.

On peut distinguer différents modes de production intentionnelle d’ignorance :

 

[filtre flou devant la lumière]

 

  1. La production de doute désigne l’ensemble des mécanismes visant à saper l’autorité d’un fait scientifique pour imposer une vérité alternative. On peut citer l’exemple bien connu et très référencé, notamment par les travaux de Robert Neel Proctor, de l’industrie du tabac qui a maintenu pendant des années une controverse autour du caractère cancérigène de la cigarette afin d’échapper aux condamnations et aux réglementations. (Comme l’expliquent de nombreux chercheurs comme Nicolas Chevassus-au-Louis, Daniel Andler ou Mathias Girel), on retrouve une rhétorique commune chez tous ceux qu’on appelle les « marchands de doute » :

    • D’abord il s’agit d’ébranler la certitude scientifique en rappelant qu’aucun fait scientifique n’est certain, en insistant sur les incohérences de la théorie ou de la « version officielle ».
    • La deuxième étape est de sous-entendre que la version officielle sert des intérêts particuliers au sein de la communauté scientifique ou des intérêts politiques. En posant la question d’ « à qui profite » cette version officielle, les marchands de doute laissent croire qu’on a fermé prématurément la controverse, qu’on a tiré une conclusion qui arrangeait bien untel ou unetelle.
    • Enfin il s’agit d’imposer et de renforcer une version alternative des faits soit par l’argument d’autorité (en disant untel qui a tel titre prestigieux confirme cette version alternative), soit en faisant pression sur les experts, soit par des campagnes de manipulation de l’opinion publique, soit encore par une manipulation de l’usage de la science : en finançant des études qui vont créer la controverse, en détournant toutes les études qui montrent que d’autres facteurs pourraient être responsables de tel ou tel fait, en demandant toujours plus d’études, en mettant en doute les conclusions scientifiques, etc.

    [Retourner la théière pour donner l’impression d’une tasse et faire semblant de boire dedans.]

  2. La production active d’ignorance désigne tous les procédés par lesquels on va créer de fausses informations : mensonge, fraude, diffusion de « fake news ». Il s’agit alors d’une ignorance stratégique, produite pour servir les intérêts de politiques, d’industriels, d’individus, etc.

  3. La dissimulation volontaire concerne tous les procédés par lesquels la connaissance est soustraite volontairement de l’espace public. Il s’agit par exemple de classer secrète une certaine littérature, de supprimer des informations ou encore de les censurer. Plus simplement, il peut s’agir de ne pas se pencher sur un domaine de recherche, voire d’entraver la recherche dans ledit domaine, car on sait d’avance que cela va aller à l’encontre de nos intérêts.

    À titre d’exemple de dissimulation volontaire, on peut citer les travaux de Peter Galison sur la littérature secrète. Ses recherches montrent que : « l’univers classé secret […] est d’un ordre de 5 à 10 fois plus grand que la littérature publique, qui trouve sa place dans nos bibliothèques1. » Si les estimations sont correctes, cela pose des questions politiques et épistémologiques majeures sur l’accès aux sources, la circulation de l’information et la manière dont l’ignorance, pour le public comme pour la communauté scientifique, est absolument normalisée.

Pour terminer sur la question de la production intentionnelle d’ignorance, je voudrais souligner qu’elle n’est pas toujours l’œuvre des « méchants ». Si la production active d’ignorance, la production de doute ou la dissimulation volontaire ont souvent pour but de servir des intérêts économiques, politiques ou individuels peu vertueux, ces procédés peuvent aussi être mis au service du bien commun. On peut citer par exemple l’affaire de Gilles-Eric Séralini, biologiste français opposé à la culture de plantes génétiquement modifiées, qui publie en 2012 un papier remettant en doute l’innocuité des OGM alors qu’en réalité les conditions de réalisation de ses expériences ne permettaient pas de tirer de conclusions certaines sur le caractère cancérigène des OGM.

II. La production non-intentionnelle d’ignorance

La production non-intentionnelle d’ignorance concerne tous les mécanismes qui entravent la croissance de la connaissance, sans que cela soit une volonté d’aucun instigateur.

On peut distinguer différents modes de production non-intentionnelle d’ignorance :

  1. [Mimer de faire tomber la théière ou son couvercle.]
    L’erreur, qu’elle concerne ou non une démonstration scientifique, crée de l’ignorance car elle altère la capacité d’une information à produire de nouvelles connaissances et à justifier des décisions.

  2. [Déplacer la lumière pour éclairer un autre objet qui se situait à côté.]
    L’omission involontaire, aussi appelée undone science, recouvre tout ce qui n’est pas étudié par manque de temps, de ressources, d’intérêt pour la société, ou à cause de biais dans la méthodologie, les outils de la recherche ou le fonctionnement de l’institution. En effet tout programme de recherche, puisqu’il est limité en temps et en ressources, doit se concentrer sur certains champs — qui présentent un intérêt culturel, commercial, politique ou autre — pour en laisser d’autres en jachère. L’ignorance est dans ce cas une sorte de « terrain perdu2 ».

  3. [Sortir le sachet de thé de la théière et le montrer au niveau de sa tête, comme pour l’observer avec une loupe.]
    L’ignorance savante. Pleinement consciente d’elle-même, elle se situe aux frontières de la connaissance. Elle n’est pas une pure absence de savoir que la science pourrait combler par son progrès : elle est corollaire de la production de connaissances et progresse avec elle. À mesure que la recherche pose des questions ouvertes et invente des concepts pour y répondre, ces nouveaux concepts et nouveaux points de vue suscitent de nouvelles interrogations et recréent donc de l’ignorance. Prise en ce sens, l’ignorance est à la fois un moteur et une conséquence de la production de savoir.

Nous avons vu qu’il existe différentes manières de produire de l’ignorance intentionnellement ou non-intentionnellement. Gardons quand même à l’esprit qu’il s’agit là de catégories théoriques qui nous permettent de mieux cerner les enjeux de l’agnotologie, mais qui peuvent aussi se heurter à la complexité de la réalité.


Scène 3 : Connaissance et ignorance à l’Université

Il reste un acteur que nous avons peu évoqué, et il nous concerne particulièrement car c’est notre lieu de travail, l’Université. Nous allons nous intéresser à la manière dont l’institution universitaire met en place certains protocoles pour prévenir la production d’ignorance au sein de sa recherche et nous allons voir qu’elle n’y parvient qu’en partie. Après tout, qu’est-ce qui garantit qu’une recherche est fiable ? En fait, c’est un grand enjeu dans le monde de la recherche. La crédibilité de la recherche se construit, se protège, et se transmet, grâce à un système précis qu’on va évoquer ensemble.

[Expliquer le système : chaque lumière représente un pilier de la recherche universitaire.]

I. Intégrité scientifique et formation

[Allumer la lumière rouge.]

La première grande barrières qui garantit une production de connaissances véridique est l’intégrité scientifique. Enseignée dans la formation des jeunes chercheureuses3, elle est principalement composée de trois valeurs morales — honnêteté, transparence, respect des normes éthiques. Ces valeurs sont essentielles à toutes les étapes d’une recherche, de la conception à la publication. C’est ce qui nous permet de sauvegarder à la fois la crédibilité scientifique et la confiance du public4. Au-delà de l’engagement individuel, il existe des structures internes, telles que les référents à l’intégrité scientifique et les bureaux dédiés à l’éthique de la recherche, qui offrent aux chercheureuses un accompagnement concret : elles dispensent des formations, supervisent l’attribution de financements, et constituent des instances consultatives ou de recours en cas de doutes ou de conflits.

II. Méthodologies rigoureuses

[Allumer la lumière bleue.]

Le chercheur ou la chercheuse, quel que soit son domaine, doit respecter la méthodologie pour garantir la qualité de sa recherche. Dans le cadre de la recherche contemporaine, on définit la méthode comme un ensemble de règles fixes et normatives, une façon de se mettre tous d’accord sur les démarches à suivre, afin de créer un cadre. Ces démarches et critères doivent être reconnus par une communauté de chercheureuses pour être adoptés. Le rôle de l’épistémologie — qui est la philosophie de la production de connaissance — est de questionner la pertinence des choix méthodologiques, d’évaluer la portée des résultats, et de rappeler que toute recherche est située, marquée par des présupposés, mais aussi perfectible. Ainsi, la recherche universitaire, dans sa quête de vérité et de rigueur, repose sur ce double mouvement : d’un côté, l’exigence de méthodes claires, qui assurent reproductibilité et transparence ; de l’autre, la réflexion épistémologique, qui garantit que ces méthodes restent adaptées, fécondes et ouvertes à la critique. Enfin, travailler ensemble nous permet de réduire l’ignorance. L’interdisciplinarité est un nouveau pare-feu qui permet d’éviter les zones d’ombres dans la recherche.5

III. Soumission à la communauté scientifique et droit de réponse

[Allumer la lumière verte.]

Une fois qu’on a conscience de devoir mener une recherche intègre, qu’on a choisi une méthodologie qui a fait ses preuves, qu’on a travaillé en équipe pour avoir plusieurs points de vue, il reste une étape : la validation scientifique. Lorsqu’on rédige un article ou qu’on intervient quelque part, notre participation est relue par un comité scientifique composé de plusieurs personnes. Elles s’assurent que les sources sont fiables et que le contenu de la proposition semble véridique. C’est ce qu’on appelle l’évaluation par les pairs (peer review).

[Julien explique que l’addition des trois lumières nous permet de voir la vraie couleur de l’objet mais qu’elle projette aussi une ombre qui symbolise la production d’ignorance inhérente à toute recherche scientifique.]

IV. Malgré tout, une ignorance inhérente à la recherche académique

[Éteindre les 3 lumières, éclairer en blanc la personne qui parle.]

Malgré toutes ces précautions, il existe certaines formes de production d’ignorance à l’Université qu’on ne peut pas éviter. C‘est une ignorance qu’on peut qualifier de « non-intentionnelle » dans la mesure où l’intention des chercheureuses n’est pas de produire de l’ignorance, mais c’est une ignorance qu’on ne peut pas éviter car elle est inhérente au processus scientifique. On distingue deux formes d’ignorance inséparables de la production de connaissance :

  • L’ignorance méthodologique : L’ignorance méthodologique est un type d’ignorance qui découle de la méthodologie utilisée lors du processus scientifique. À travers l’étude de plusieurs cas d’ignorance scientifique dans la santé au travail, Émilie Counil et Emmanuel Henry5 mettent en évidence quelques exemples d’ignorance méthodologique. Ils remarquent par exemple que la sophistication des processus d’expertise scientifique ralenti la recherche. Ils expliquent aussi que la technicité et la complexité des processus académiques empêchent la majorité du public d’exercer son esprit critique et produit un « effet boîte noire », c’est-à-dire que la recherche scientifique apparaît comme un dispositif dont on connaît plus ou moins l’état de départ et les conclusions à l’arrivée mais pas les procédés intermédiaires.

    On peut souligner aussi que Counil et Henry présentent deux types d’experts différents : « l’expert neutre » dont le but est d’établir une connaissance scientifique objective et « l’expert au service d’une cause » qui a un objectif moral soutenu par des connaissances scientifiques. On peut facilement imaginer que ces postures impliquent des rapports différents à la connaissance, et donc aussi à l’ignorance.

  • L’ignorance « science-based » et « man-made » : Des cas comme le trou dans la couche d’ozone6 et le problème du stockage des déchets nucléaires – devenu source d’inquiétude dans les années 19807 – inspirent Jerome Ravetz8 qui développe le concept et invente les termes « science-based ignorance » et « man-made ignorance » pour décrire l’ignorance à propos de systèmes et objets produits directement par les sciences et/ou par les activités humaines qui en découle.

Les chercheureuses se positionnent face à cette ignorance inhérente à la recherche académique, iels composent avec en permanence au fil de leurs recherches. Avant tout, il s’agit de reconnaître l’existence de cette ignorance, d’identifier les angles-morts de la connaissance et de progresser en ayant conscience de ces zones d’ombres. Cette posture intellectuelle fait de l’ignorance épistémologique une ignorance savante, consciente d’elle-même.

Kant (Logique, 1800) : « Subjectivement considérée, l’ignorance est ou savante, scientifique ou commune. Celui qui aperçoit clairement les limites de la connaissance, qui sait par conséquent où commencent les limites du champ de l’ignorance, est un savant ignorant. »

L’ignorance savante peut alors être considérée comme une ressource pour les avancées scientifiques futures. Elle existe en tant qu’étape de problématisation avant la recherche de solutions. Dans ce cas on parle d’ignorance « spécifiée » comme la définit Robert Merton : « la reconnaissance de ce qui n’est pas encore connu mais qui a besoin d’être connu pour pouvoir poser les fondations d’encore plus de connaissances9 ».

Scène 4 : Conclusion et ouverture

Voilà, avec cette présentation on espère vous avoir montré que la recherche à l’Université est une recherche sérieuse et de qualité même si elle participe à produire de l’ignorance. D’ailleurs nous avons nous-mêmes généré de l’ignorance intentionnellement durant cette présentation parce que nous avons choisi l’ordre dans lequel nous vous avons présenté les choses, le temps que nous avons consacré à chaque partie et ce que nous avons volontairement évité de dire. Si vous voulez en savoir plus, revenez pour la nuit de la recherche de l’année prochaine et suivez nos projets sur notre site internet et nos réseaux sociaux.

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SITOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

  • Bachelard, Le Nouvel esprit scientifique, Paris, P.U.F., 1941
  • Pierre Calame, « Plaidoyer pour une redistribution des savoirs », dans Nicolas Witkowski (dir.), L’état des sciences et des techniques, Paris, La Découverte, 1991.

Notes

  1. Peter Galison, « Removing knowledge : The Logic of Modern censorship », dans Proctor et Schiebinger (dir.), Agnotology: The Making and Unmaking of Ignorance, Stanford, Stanford University Press, 2008, p. 37 à 54.
  2. Robert N. Proctor, Agnotology.
  3. Sénat. (2019-2020). Bilan et propositions de mise en œuvre de la charte nationale d’intégrité scientifique (Rapport n° 20-428). Paris : Sénat.
  4. Zhaksylyk, A., Zimba, O., Yessirkepov, M., & Kocyigit, B. F. (2023). Research Integrity: Where We Are and Where We Are Heading. Journal of Korean Medical Science, 38(47), e405. DOI : 10.3346/jkms.2023.38.e405.
  5. Émilie Counil & Emmanuel Henry, « Produire de l’Ignorance plutôt que du savoir », 2016.
  6. Farman et al., 1985.
  7. Nuclear semiotics en 1984, Yucca Mountain en 1982.
  8. Jerome Ravetz, Usable Knowledge, Usable Ignorance, 1987 ; The Merger of Knowledge with Power, 1990.
  9. Robert Merton, « Three Fragments from a Sociologists Notebook », 1987.