Session 1 – Territoires et lieux : enjeux géographiques et symboliques

Les directeurs des théâtres populaires et des maisons de la culture […] protestent contre la disparité injustifiable qui sévit, d’une part entre les subventions des divers établissements nationaux de Paris, et d’autre part entre lesdites subventions et celles des établissements homologues de banlieue ou de province, une telle disparité mettant en cause l’idée même de décentralisation (Déclaration de Villeurbanne)

Les acteurs culturels sont confrontés à la montée en puissance du fait urbain et à l’essoufflement des politiques culturelles nationales, au niveau de la production artistique comme de la diffusion culturelle. En témoigne, dès les années 1970, la problématique de la municipalisation de la culture, comme le montrent les rencontres d’Avignon tenues de 1964 à 1970 sous la présidence de Jean Vilar avec les thèmes comme « La politique culturelle des villes » (1967) ou « La politique culturelle des 7 villes » (1969).

Ainsi, certains concepts ou termes-clé deviennent essentiels dans la construction et la mise en scène des identités professionnelles et des activités culturelles : “démocratisation culturelle”, “aménagement du territoire”, “transition écologique”, “développement culturel”, “Agenda 21 de la culture”, parmi d’autres. Ces termes marqueurs, dont la généalogie remonte en partie aux années 1960, font écho à ceux qui sont aujourd’hui forgés pour qualifier les nouvelles dynamiques urbaines et les politiques culturelles : “Ville-monde”, “Cité interculturelle”, “Territoire créatif” ou “Ville participative”. Mais ces termes cristallisent aussi des tensions : rejetés par les acteurs culturels, imposés par l’État ou revendiqués par les collectivités territoriales, ils révèlent des rapports de force entre les acteurs de l’action culturelle depuis 1970.

Dans cet axe, il s’agira d’identifier les nouvelles modalités d’intervention et les positionnements des acteurs, non seulement dans une dynamique et des logiques globalisées et génériques dans le contexte actuel de l’internationalisation et de l’industrialisation des secteurs artistiques et culturels, mais également dans leur(s) territorialisation(s).