Villeurbanne : la mise en doute (1/3)

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Référence bibliographique
«Villeurbanne : la mise en doute», Le Monde, Copferman Emile. 21 oct. 1971
Date
21 oct. 1971
Localisation
4-COL-112-115 (archive BNF)
Retranscription

VILLEURBANNE : LA MISE EN DOUTE

La notion de "non-public" reste vague et incolore, donc peu compromettante. Lancée en Mai 1968 et reprise par le comité permanent des directeurs de théâtres populaires et des maisons de la culture, réuni à Villeurbanne, elle est moins une affirmation triomphante ("le théâtre populaire" façon T.N.P. l’était) qu’une "mise en doute",1’acte de décès d’un mouvement auquel tous avaient adhéré.

A Villeurbanne, les pétitionnaires culturels mettaient en accusation la culture et ses agents – ils se mettaient en accusation, – remise en cause de la culture par les seuls "cultivés". Mais la révolte des étudiants et la grève des ouvriers étaient des "révélateurs". Le fossé entre détenteurs de connaissances et étrangers au fait culturel apparaissait dans un contexte général comme une coupure parmi d’autres, entre milieux socio-économiques, entre générations. Détenteurs et intermédiaires institutionnels de la culture héréditaire – "particulariste, c’est-à-dire tout simplement bourgeoise", – ils ont éprouvé la nécessité de se redéfinir. Eux-mêmes.

Et leur public :

"Il y a d’un côté le public, notre public, et peu importe qu’il soit, selon les cas, actuel ou potentiel, (c’est-à-dire susceptible d’être actualisé au prix de quelques efforts supplémentaires sur le prix des places ou sur le volume du budget publicitaire), et il y a de l’autre un "non-public", une immensité humaine composée de tous ceux qui n’ont encore aucun accès ni aucune chance d’accéder prochainement au phénomène culture (…)".

Du refus des cultures passées …

Responsables d’une situation dans laquelle ils se sentent enfermés, les vingt-trois signataires du texte veulent adopter une attitude radicale, ne se référant plus à un contenu préexistant – la culture, – mais attendant tout de la rencontre des hommes et surtout la définition progressive d’une culture que ceux-ci puissent reconnaître. D’où, la nécessité de ce qu’ils nomment politisation :

Commentaire

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