Envoi texte déclaration / Censure Pièce Gatti au TNP (demande de Franco), Motion et signataires (4/4)

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Référence bibliographique
Envoi texte déclaration / Censure Pièce Gatti au TNP (demande de Franco), Motion et signataires, Savatier Paul. 26 déc. 1968
Date
26 déc. 1968
Localisation
4-COL-112-110 (archive BNF)
Retranscription

Sur la demande d’un gouvernement étranger, celui du général Franco; Interdiction vient d’être faite au TNP, de présenter une pièce d’Armand Gatti, qui était en cours de répétition. Cet interdit est injustifiable, et la raison qu’on en donne est proprement stupéfiante ; elle est d’autre part sans précédent dans l’histoire de tous les Théâtres de la France depuis toujours. Est-il besoin de souligner que cet interdit porte atteinte tout simplement, à notre indépendance, à la liberté de l’écrivain ? Il dénonce en cette fin de 1968 les rapports entre ce que l’on appelle la Culture, et l’Etat. Indépendance en vertu d’une convention de pur protocole qui doit dater d’Amédé 1er, roi d’Espagne, mort en 1870, ou du Tsar Alexandre III. On interdit l’oeuvre d’un écrivain, dont la 1ère pièce fut précisément crée par ce Théâtre populaire, en octobre 1959. Ceci dit, on voudra bien mesurer la qualité du demandeur, et l’insolence de la requête. Enfin, est-ce que les productions de nos théâtres nationaux, ne font plus partie de notre patrimoine, et pouvons-nous admettre qu’elles soient ainsi moquées par un très susceptible vainqueur de guerre civile.

Liberté, sous le déraisonnable prétexte d’empêcher les atteintes à des chefs d’états étrangers. La frontière des Pyrénées est cette fois bien ouverte, ouverte à une censure qui frappe aujourd’hui Gatti, et dont nous nous demandons pourquoi elle ne frappe pas aussi bien l’Espoir, les poèmes d’Eluard, Guernica, les oeuvres de Mauriac, Bernanos, Sartre, Maritain etc;…

Rapport entre la Culture et l’Etat, nous posons ici deux questions.

I/ Subvention, cela implique-t-il, suggestion ?

2/ Le concours que l’Etat apporte nécessairement depuis l’avènement des Républiques, à l’éducation populaire, aux théâtres, aux cinémas etc… fait-il du mot Culture le synonyme de servitude ? Nous demandons que l’on épargne cet atteinte insolente à la liberté, à l’indépendance do nos scènes, au prestige international durement conquis, de ce jeune Théâtre, dont les archives du ministère des affaires étrangères, portent témoignage.

Commentaire
DE : Savatier Paul
À : Planchon
Motion agraphée

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