Étudier la gratuité des transports en commun
Notre questionnement
Longtemps perçue comme une mesure marginale et limitée à certains petits réseaux de transport, la gratuité totale des transports en commun se développe depuis les années 2000 vers des réseaux de plus en grands tels qu’Aubagne en 2009 et Dunkerque en 2018. Depuis fin 2023, la mesure a été instaurée pour les habitantes et habitants de la Métropole de Montpellier, qui devient la plus grande Métropole européenne à mettre en place cette mesure.
La gratuité totale des transports en commun suscite cependant une vive opposition de la plupart des groupes d’intérêts du transport (GART, UTP, FNTV, FNAUT, etc.) et des expertes et experts. Ces derniers l’accusent d’être inefficace pour convaincre les automobilistes de prendre les transports en commun. Ils craignent qu’elle ne conduise à la paupérisation du secteur des transports. Cette opposition interpelle d’autant plus qu’elle se manifeste avec une grande unanimité parmi les différents acteurs du transport.




• Pourquoi existe-t-il une opposition si forte à la gratuité totale des transports en commun ?
• Pourquoi, malgré cette opposition, la gratuité des transports en commun se développe-t-elle ?
• Comment la mesure est-elle localement mise en place ou au contraire rejetée ?
Nos méthodes




Comprendre l’opposition à la gratuité totale des transports en commun
Pour répondre à ces questions, nous étudions comment les acteurs clefs du transport se positionnent vis-à-vis de la gratuité totale des transports en commun au regard de leur parcours professionnel, de leur manière d’analyser la gratuité des transports en commun et des interactions entre eux. Nous étudions également la trajectoire locale de la gratuité des transports en commun dans des territoires ayant fait le choix de rejeter la mesure (Île-de-France et Paris, Lyon) ou de la mettre en place (Montpellier).

Analyse prosopographique d’acteurs clefs du transport
Étude de la trajectoire de carrière d’acteurs clefs (expert·e·s, cadres d’AOM, opérateurs ou groupes d’intérêts) pour identifier les trajectoires professionnelles du transport.

Analyse des rapports sur la gratuité des transports en commun |

Analyse des interactions entre les acteurs
Réalisation d’entretiens avec des acteurs clefs du transport et participation à des événements en lien avec le transport.

Analyse de la presse |

Analyse de la littérature grise et des comptes-rendus d’assemblée
Recueil et étude de la littérature grise produite sur la gratuité et analyse des comptes-rendus des assemblées (conseils régional, métropolitain, etc.).

Entretien
Réalisation d’entretiens semi-directifs avec des personnes ayant participé à la fabrique de la politique publique.
Étudier les trajectoires locales de la gratuité des transports en commun
En nous appuyant sur une approche processuelle, nous décryptons les mécanismes complexes qui mènent aux décisions : défendre la gratuité des transports en commun, rejeter la mesure ou l’hybrider en proposant des gratuités partielles (le week-end, pour les jeunes, etc.). Nous montrons le rôle spécifique de l’expertise dans la fabrique de cette politique publique de transports. Notre recherche ne se limite pas à une simple étude des décisions politiques, puisque nous nous intéressons aussi aux interactions entre les acteurs et aux évaluations locales de la gratuité, dévoilant ainsi les enjeux de pouvoir, les alliances stratégiques, et les discours façonnant les politiques de transport en France.

Une politique publique reconfigurant l'action publique
La gratuité des transports en commun est une politique publique émergente qui redessine le paysage des politiques publiques de transport.
Bien plus qu’une simple transformation tarifaire, ce choix bouleverse la fabrique des politiques publiques de transport, en mettant par exemple en lumière la sécurité.
Cette politique publique interroge aussi le caractère social des transports en pointant notamment le non-recours.
Elle remet ainsi en cause le mode de comptage de la fréquentation et le contrat avec l’opérateur de transport. De plus, elle questionne directement le financement des transports.