Etudier les mobilités urbaines en Afrique subsaharienne : tel est l’objet des travaux menés dans le cadre d’un partenariat entre le Laboratoire Aménagement Économie Transports (LAET) et l’Institut de Gouvernance Territoriale et du Développement Local de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). À partir de l’étude des taxis clandestins de Dakar, l’équipe de recherche analyse l’organisation, la régulation et les usages des services de transport informel, en lien avec la mobilité quotidienne.
Cette recherche, initiée par Gaële Lesteven et Pascal Pochet, chercheurs au LAET, est menée en partenariat avec Pape Sakho, Momar Diongue et Dramane Cissokho, enseignants-chercheurs à l’UCAD. Financée par l’ENTPE, cette recherche vise à alimenter la réflexion sur la façon dont les mobilités urbaines sont produites et pratiquées. Les villes des Suds, en particulier d’Afrique subsaharienne, connaissent une dynamique de croissance importante qui se traduit par une forte expansion spatiale et des conditions de vie souvent précaires dans les périphéries. Dans ce contexte où l’accès à la voiture particulière reste l’apanage des ménages aisés, les systèmes de transport public jouent un rôle fondamental dans l’accès à la ville. Des réseaux de transport de masse comme le BRT (bus à grande capacité circulant sur voie réservée) ou le métro sont en construction dans différentes villes pour répondre à cette demande croissante. En parallèle, le transport informel continue d’assurer une part importante des déplacements motorisés.
Le transport informel a un fonctionnement souple, le plus souvent sans horaires ni durées de service fixes. Il est produit par de nombreuses petites entreprises privées sans obligation contractuelle envers une autorité de régulation. Il adopte une variété de formes, perceptible à la diversité des véhicules utilisés, des motos-taxis et tricycles en plein essor aux minibus et bus, en passant par les taxis collectifs. Cette diversité concerne également les modes d’organisation, l’échelle à laquelle se réalise l’activité et les modèles économiques sous-jacents. Présents dans de nombreuses villes d’Afrique subsaharienne, les taxis collectifs clandestins (ou « clandos ») sont relativement méconnus dans leur organisation et leurs usages. Absents des documents officiels, les taxis clandos occupent pourtant l’espace public, en particulier à travers leurs itinéraires fixes et leurs lieux de prise en charge localement nommés « garages ». Sans possibilité de régularisation, ils répondent à des besoins de mobilité quotidienne croissants.
L’enjeu est d’analyser la place des taxis clandos dans la mobilité quotidienne et d’étudier leur organisation. Pour ce faire, l’équipe mobilise plusieurs jeux de données : des analyses secondaires de l’enquête ménages mobilité de Dakar (EMTASUD 2015) et des enquêtes réalisées lors de travail de terrain en 2021 et 2022 :
Les résultats montrent le rôle essentiel des taxis clandos dans la mobilité quotidienne, notamment en périphérie. Dans la plupart des situations, les clandos sont complémentaires aux autres offres de transport public et gagneraient à être mieux intégrés aux stratégies d’aménagement et de mobilité de l’agglomération. L’étude des clandos de Dakar contribue à alimenter des réflexions sur la dynamique, le rôle et la gouvernance de l’informalité dans les transports urbains, dans les villes des Suds mais aussi au Nord.
Cette recherche s’inscrit dans la continuité de travaux menés par l’équipe sur les pratiques de mobilité quotidienne, les transformations de l’offre de transport et les dynamiques urbaines, à Dakar et en Afrique sub-saharienne.
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