Slow science et chronologie Mamdans

« Ça a commencé comme ça. Une poignée de collègues issus de disciplines différentes, l’envie de travailler ensemble, un financement de cinq ans, des séminaires réguliers où le plaisir d’échanger se mêlait à un sentiment grisant de progression et, au final, des objets d’étude, des rencontres et des résultats qui dépassaient de loin nos attentes initiales (Gosselain, Zeebroek et Decroly 2009). Une belle histoire de recherche, en somme, pour une petite communauté regroupant des titulaires, des doctorants et des étudiants. »
NOÛS, C. (2020). Slow Science – la désexcellence. Genèses, 119(2), 199-208

Le projet Mamdans est un projet au long court, une mise à l’épreuve de ce que l’on appelle la « slow research », mouvement née dans les années 2000 en contestation de la politique de financement de la recherche basé essentiellement sur les multiples dépôts de projets et de son évaluation sur des métriques en cohérence avec ceux du monde socio-économique. Ce mouvement est assez intéressant dans son fondement, que l’on fait remonter au début des années 1990 par le très court article (2 pages) d’Eugène Garfield, fondateur du « science citation index » déjà dans les années 1960, estimait que la temporalité de la recherche est caractérisée par un temps long car reliée au processus de maturation des idées d’une part et de l’aspect cumulatif des résultats de la recherche. C’est dans ce cadre de mouvement académique en opposition à la « fast science/fast research » que la « slow science » prend de l’ampleur en 2010, soit 10 ans avant le covid. C’est également à cette période que le philosophe allemand Harmunt Rosa publie son ouvrage critique de la modernité intitulée « Hartmut Rosa, Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, La Découverte, coll. « Théorie critique », 2012, 154 p.

Une triple accélération, accélération technique d’abord, changement sociale ensuite puis celui du rythme de vie qui caractérise la fin du 20e et le début du 21e siècle., toutes ces accélérations caractérisent selon lui l’organisation notre société actuelle à travers une logique de la concurrence et de la compétition.

Le projet Mamdans comme vous le lirez et l’écouterez, prend en compte, tel que décrit dans la citation de Camille Noûs, ce temps de l’écoute, de l’échange, de l’interdisciplinaire, bref du vrai temps de la recherche.

Pour finir voici le point de vue d’une chercheuse australienne, Lisa Alleva, qui a éprouvé les deux modèles de recherche : « Perhaps we are old-fashioned, but I feel my education as a scientist has benefited far more from my five years of slow science than the preceding five years of fast science. What’s more, we are on the brink of something big, exciting and wonderful, that spurs my slow science forever onwards. »(Alleva, 2006)

Bibliographie pour explorer ce mouvement :

ALLEVA, L. Taking time to savour the rewards of slow science. Nature 443, 271 (2006).

CANDAU, Joël (2023) « Slow science : l’appel de 2010 douze ans après », Socio [En ligne], 17 | 2023, mis en ligne le 24 novembre 2022, consulté le 29 septembre 2025. URL ; DOI 

NOÛS, C. (2020). Slow Science – la désexcellence. Genèses, 119(2), 199-208. 

GARFIELD, Eugène. 1990. « Fast Science vs.Slow Science, Or Slow and Steady Wins the Race », The Scientist, vol. 4, n° 18 : 14. En ligne 

ROSA,  Hartmut (2012). Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, La Découverte, coll. « Théorie critique », 2012, 154 p.

Chronologie Mamdans

Frise temporelle - Mamdans 2020-2025