Le projet

Les chefs d’entreprise du XIXe siècles furent-ils tous des hommes ? On pourrait le croire, à la lecture des travaux en histoire économique, histoire des affaires (business history) et histoire de l’entrepreneuriat. À l’heure où la question du genre occupe une place de plus en plus prépondérante au sein des travaux en histoire économique et en histoire de la pensée économique, l’entrepreneuriat féminin demeure un angle mort. Les femmes cheffes d’entreprises ne furent pas des exceptions en France au XIXe siècle. Elles ont dirigé des entreprises de toutes tailles (de la passementière indépendante à la maîtresse de forges dirigeant plusieurs centaines d’ouvriers) et dans de nombreux secteurs industriels (l’industrie textile mais aussi la métallurgie, l’imprimerie…). Elles demeurent néanmoins dans l’ombre.

Le projet INDUSTRIFEM œuvre à sortir les femmes entrepreneures françaises de l’invisibilité en dressant leur inventaire et en analysant les modalités et les conditions de leur exercice entrepreneurial. Il propose le réexamen de la place et du rôle exercé par les femmes dans le processus d’industrialisation français et participe ainsi d’un renouvellement de la vision du rôle économique joué par les femmes au XIXe siècle. Il vise en outre à éclairer et comprendre, grâce à un dialogue interdisciplinaire au carrefour de l’histoire, de l’économie, de la gestion et du droit, les conditions et modalités de l’exercice entrepreneurial féminin au XIXe siècle. Il s’agit, d’une part, d’analyser des mécanismes juridiques ayant permis aux femmes de dépasser les contraintes de leur statut civil au cours du XIXe siècle et ainsi d’interroger la pertinence du postulat de l’incapacité juridique de la femme mariée entérinée par le Code civil de 1804. Le projet ambitionne, d’autre part, d’éclairer les orientations stratégiques prises par les femmes entrepreneures, notamment les choix en matière d’innovation, dans le contexte des mutations organisationnelles et technologiques profondes de l’industrie au XIXe siècle.

Par ses enjeux, le projet mobilise des compétences disciplinaires variées et complémentaires, réunies au sein d’un consortium de quatre partenaires regroupant des historiens du droit (CLHDPP, U. Lyon III), des chercheurs en sciences de gestion spécialistes de l’entrepreneuriat féminin et d’innovation (Magellan, U. Lyon III), des chercheurs en économie spécialisés en histoire économique (BETA, U. de Strasbourg) et des historiens (Université d’Ottawa).